Pour asseoir son point de vue non réductionniste sur le dynamisme cérébral, Ey se rapporte à plusieurs éléments scientifiques et épistémologiques. En premier lieu, l’histoire naturelle offre un cadre pour étudier les structures anatomiques et fonctionnelles de l’encéphale [2, p. 45–51]. En second lieu, le «schéma darwinien et spencérien de la superposition des stades de l’évolution et des segments du système nerveux» [3, p. 369] fait apparaître le temps [2, p. 46–51] comme un paramètre essentiel à l’étude de l’encéphale. En troisième lieu, l’embryogenèse et la maturation post-natale du système nerveux central nous renseignent sur l’organisation de l’encéphale. L’embryogenèse éclaire le processus de formation du système nerveux central et le développement des différentes parties de l’encéphale (tronc cérébral, cervelet, diencéphale et télencéphale). La maturation post-natale du système nerveux central indique comment les grandes fonctions encéphaliques (sensibilité, mémoire, affectivité, langage, cognition, etc.) sont intégrées aux divers niveaux du processus de développement anatomique [4, p. 10–26]. À cela, il faut ajouter que l’embryogenèse et la maturation post-natale du système nerveux central fournissent des données phylogénétiques et ontogénétiques sur le processus de complexification morphologique du cerveau au cours de l’évolution biologique. Elles apportent aussi des données théoriques et expérimentales à prendre en compte dans l’étude du fonctionnement cérébral. Sur le plan théorique, il s’agit d’adopter un modèle génétique de travail. Ce modèle s’impose parce que le développement du système nerveux central est à la fois téléologique et normatif [2, p. 239–41]. Autrement dit, le modèle génétique est indispensable du fait que «la phylogenèse et l’ontogenèse du cerveau assignent à son organisation son sens, celui d’une télencéphalisation progressive» [1, p. 206]. Sur le plan expérimental, il s’agit de porter une attention particulière à la différenciation anatomique et aux propriétés fonctionnelles de l’encéphale humain, telles qu’on peut les mettre en lien avec la phylogenèse et l’ontogenèse. En croisant ces données, et en s'inspirant des travaux de Jackson [2], Ey parvient à une définition générale du système nerveux central: